LE POIS DE L'ASHINE - 12 EME PARTIE

Publié le par Moni Olivier

-          Vous mentez comme un wombat estonien atteint d’énurésie, on m’la fait pas à moi, je vois bien que vous avez des problèmes gros comme l’Everest qui sont en train de vous tomber sur la gueule, allez, c’est quoi votre problème ?

-          Je suis recherché par la police, pour un forfait que je n’ai pas commis et je cherche à me planquer jusqu'à mon retour à Londres, mais j’ai peur que plus on approchera de la capitale, plus ça va être costaud pour pas attirer l’attention des condés.

-          Ben voilà, il se sent pas mieux comme ça, vous pouvez pas mieux tomber, ici on a les kébourres en horreur, on leur urine dans la cavité buccale et on défèque sur leur visage, si vous voyez ce que je veux dire.

Deux énergumènes que je n’avais pas entendu arriver vinrent s’asseoir au 

bar, l’air entendu de ceux à qui ont vient de confier un secret la plus haute importance .

-          Voici RASSION et MAUD, mon fils et ma fille, ils vont vous aidez à décarrer fissa du coin sans vous faire piquer par les schmitts, en attendant vous n’avez qu’à boire avec MAUD et RASSION.

-          Avec plaisir, opinais-je derechef.

-          AH non désolé, PLAISIR, mon neveu par alliance est en déplacement.

-          Tant pis, n’osant plus rien dire de peur d’ajouter à la confusion ambiante .

Encore plus loin au comptoir, un gros tas bourré était assis sur un petit tabouret. La patronne m’annonça qu’il s’agissait de son mari et qui passait la majeure partie de la journée dans un état d’éthylisme absolu proche de l’hébétude ascétique, voire de l’immobilisme minéral dont il ne sortait que pour roter bruyamment ou se délester de quelques vents intestinaux aux relents putrides et marécageux. Ravissante famille, songeai-je, tellement proche les uns des autres et apparemment toujours prêts à rendre service. Je fis part de mon désir d’aller quérir les rares affaires qui me restaient et que j’avais laissées dans le bus, et les deux rejetons mal attifés de la matrone me proposèrent de m’escorter. Nous éclusâmes rapidement quelques Drambuies bien frais et nous dirigeâmes vers la grand place ou était garé l’autobus. Las, les keufs étaient déjà en train de fouiller l’engin de fond en comble sous le regard attristé du chauffeur de bus qui semblait pleurer sa mère.

Le frangin et la frangine me proposèrent un plan pour attirer l’attention des poulets pendant lequel j’aurais pu aller récupérer mes sacs, mais je leur dit de laisser tomber, car après tout, il n’y avait rien de bien important qui pu justifier de prendre un tel risque. Nous retournâmes au bar, et pour nous remettre de ces émotions nous vidâmes un jéroboam de rosé bien frais. Comme nous étions tous dans un état d’ivresse frisant l’absolu nous décidâmes de concert, d’aller nous reposer, et le lendemain mes nouveaux amis se chargerait de m’amener à BONPORR, un bidonville à coté de Londres ou ils avaient quelques amis qui me ferait rentrer en ville sans subir la peur du poulaga. Quand je m’effondrais dans mon lit, dans la chambre que la tenancière m’avait obligeamment prêtée pour la nuit, j’eus l’impression d’avoir payé un ticket permanent dans un manège type TOKAIDO EXPRESS, et des flaques intermittentes de vomi exhalant une forte odeur vinicole, maculèrent ma couche purpurine de jolis motifs rosacés à l’odeur fortement évocatrice. La femme de chambre qui vint me réveiller le lendemain matin me sembla de fort mauvaise humeur quand elle vit l’étendue des dégâts, elle fit rapidement un compte rendus, c'est-à-dire qu’elle énuméra les flaques de vomi et en nota le nombre sur un carnet, on me dit un peu plus tard qu’en fait on avait parié de l’argent sur mes jets de dégobillé et qu’en fait la femme de chambre était une bookmaker redoutable.  Je descendis dans la salle de restaurant pour prendre un petit déjeuner qui en l’occurrence consistait ici en un bol de pastis légèrement coupé à l’eau et une tranche de brioche avec une énorme rondelle de mortadelle, recette éprouvée pour faire de gros rots bien puants. Je feuilletais un journal local, un gros titre barrait la première page : ‘’ Lybie : OTAN suspends ton vol ‘’ , rien de neuf sous le soleil quoi . Mes deux alcoolytes qui allaient m’accompagner, avait déjà fait leur bagages qui consistaient en trois cubis de rosé frais et cinq pack de 24 d’heineken, ils voyageaient léger en somme. Ils étaient frais et pimpants, tout le contraire de moi avec ma mine de mort vivant déterré depuis 72  heures. Notre véhicule était un camion aux couleurs délavées et un peu sale, je n’avais jamais vu un camion si terne d’ailleurs. Il est clair qu’avec un véhicule aussi sale nous n’attirerions pas l’attention des bourres. Les deux rejetons étaient déguisés en batteur de Hard rock, et une inscription sur le camion stipulait dans un lettrage gothique ‘’ Allons enfant de la batterie’’, d’un côté on s’efforçait de pas trop se faire remarquer et là, c’ était carrément voyant de chez voyant, il y avait surement une stratégie là-dedans, mais après le petit déjeuner copieux que j’avais pris, j’étais trop plein pour saisir les tenants et aboutissants de ce stratagème. Ils m’affublèrent quand à moi d’un habit de mitron et j’eus bien du mal à le revêtir car je déteste qu’on me prenne pour un mitron. Mais cette ruse aurait surement raison des forces de l’ordre du moins l’espérais-je. Nous prîmes la route après un cocktail d’adieu servi par leur maman, mais je dois avouer que le rhum de 16 ans d’âge me resta un peu sur l’estomac, surtout après l’avoir bu dans un seau avec une paille conséquente. Mes deux nouveaux amis avaient décidés de ne fréquenter que les petites routes départementales voire même les chemins vicinaux ou nous aurions peu de chance de tomber sur la volaille. Le fond sonore quelque peu bruyant essentiellement composé de DEATH Métal malien , m’empêchait quelque peu de dormir, mais je me sentais prêt à tous les sacrifices pour éviter de croupir en tôle. Pour agrémenter les longues heures de route, nous éclusions gaiement les bières bien fraîches, et j’avoue que niveau rapport qualité prix nous étions plutôt gagnant car cela nous apporta une centaine de rots, ce qu’on appelle chez moi : les petits rots de l’apéro. Je commençais, chemin faisant, à me douter que cette étrange et longue aventure n(avait pas ménagé mon foie et mes neurones et que si je continuai à ce train là, je finirais complètement imbibé, telle une éponge, de ce précieux liquide que j’ingurgitais à tout va . Je ne sais pas comment nous parvînmes à destination, tant mes chauffeurs avaient dépassés toutes les barrières de l’alcoolisation volontaire mais le fait est que nous arrivâmes dans le bidonville dans la soirée, bien heureux de n’avoir pas rencontré nos amis de la maréchaussée.

            Le bidonville de BONPORR méritait amplement son appellation c’était un amalgame crasseux et peu ragoutant de bâtisses en tôles mal ajustées ou en plaques de placo un peu usagées. Il y régnait une odeur délicieuse de sortie d’égouts, d’œufs pourris et d’autres matières organiques en état de décomposition avancé dont la décence ici m’interdit d’évoquer le nom. Dans l’état semi-éthylique ou je me trouvais j’eus du mal a ne pas régurgiter le peu d’aliments solides qui se trouvaient dans mon estomac, et finalement on me prêta un sac en plastic ou je pus dégueuler à satiété tout ce que j’avais avalé depuis la veille, un prêté pour un rendu en quelque sorte. Le plan était simple, nous allions rendre visite au chef du camp, un hollandais de souche appelé Roger Rapo, qui après avoir examiné ma situation et écouté mon histoire, jugerait bon d’envoyer ses sbires dans une mission d’infiltration dans notre bonne ville de Londres. Le chef du camp était un gros homme assez gras doté d’une forte corpulence ayant une légère tendance à l’obésité. Sa maison en tôles ondulées était excessivement chaude et on transpirait à grosses gouttes, je me sentais légèrement indisposé :

-          Y’a pas de gêne, sue, me dit il tout en mâchouillant une cuisse de poulet huileuse et odoriférante. Alors comme ça t’as les kébourres au cul et tu veux caleter illico dans ta piaule au centre ville.

 Après m’être fait traduit cet étrange dialecte, j’opinai du chef et acquiesçai tout de go. Roger Rapo maugréait dans sa barbe et se triturait l’entrejambe tout en étant plongé dans un abime de réflexion :

-          J’te dis déjà qu’ça va êt’ coton mon vieux, j’ai pas envie qu’ça s’barre en couille tu piges ? D’autant plus qu’c’est tout c’que ces cons m’ont laissés, mes boules bandes d’enfoirés.

Roger avait en effet passé près de la moitié de sa vie dans les geôles

Londoniennes pour divers trafics et proxénétisme aggravé. Les gardiens lui avaient fait payer ses crimes en le mutilant d’une partie de son sexe et en l’exhibant au nouveaux détenus en chantant : ‘’ Qui veut la bite de roger rapo ‘’. A sa sortie de prison, Roger s’était arrangé pour que les deux gardiens incriminés ( MIAOU) soient sévèrement punis en retour. Il avait chargé son meilleur ami, un obscur marchand d’armes et proxo d’origine Libyenne, Daffy McDuffin, de s’occuper d’eux lors d’une promenade, et Daffy qui devait plus que la vie à Roger avait exécuté le contrat en hachant les deux hommes aux hachoir a steack haché avant de les donner à manger au chien du directeur du pénicentier. Cette affaire ayant fait beaucoup de bruit était connue maintenant comme ‘’ Le cas DAFFY’’. L’opération allait être périlleuse car la flicaille était sur les dents et brûlait de me retrouver pour me faire bouffer mes organes génitaux et mon organe pénien. D’autant plus que si je rentrais à mon bureau je risquait fort d’avoir des invités surprises. Il fallait donc que je trouve fissa un endroit ou me cacher ou une personne pour m’héberger.

-          Et vous crécher ou ? me demanda Roger en mâchonnant son reste de poulet fris.

-          J’habite Kensington High Street, pas loin de Hyde Park.

-          Ouais, putain, on va t’aider à filer mignon ! Va falloir te trouver un squat pour te planquer quelques heures, et après tu te démerderas pour rentrer chez toi ; ça ira comme cà ?

-          Je ne pense pas avoir le choix, on fera comme vous dites.

Je n’étais guère rassuré de la tournure que prenait les choses, mais cette bande d’étranges godelureaux était définitivement ma seule porte d’entrée pour retourner à mon bureau, afin d’essayer de me blanchir auprès des autorités. Le chef du camp exposa son plan tout en ingurgitant un plat copieux de cassoulet brûlant, il  lâchait de façon presque naturelle des gaz malodorants de son énorme fondement.

L’atmosphère était poisseuse et fétide, et je dus redoubler d’efforts pour ne pas m’évanouir. J’allais donc passer la nuit dans cette décharge, comme dans un épisode de ‘’ POUBELLE LA VIE’’ et demain ce serait la grande expédition vers la maison. Et demain, tel l’écuyer coiffeur, j’allais démêler l’écheveau de cette étrange affaire. Roger RAPO me proposa fort obligeamment de passer la nuit dans un local infâme qui puait l’épluchure de pomme de terre et la viande pourrie, mon lit en l’occurrence consistait en un carton déplié de chez Mark and Spencer, le haut de gamme en quelque sorte. Voyant mon désarroi Roger m’apostropha :

-          Alors vieux, on est pas trop a l’aise, j’vais t’donner un p’tit peu d’compagnie pour jusqu’à demain, j’te présente Monique elle va te donner un p’tit peu d’bon temps pour la nuit. C’est un chef d’œuvre au cul Monique. Tu vas te régaler, elle a un tel corps !

Bien que la jeune fille que Roger me présentait fut plutôt accorte et bien

faite de sa personne, je refusais la proposition, que je jugeais un peu trop ‘’traite des blanches’’ à mon goût. Roger en paru dépité et renvoya la jeune fille, il eût la bonté cependant de me laisser une bonne bouteille de grappa à peine entamée comme somnifère de bienvenue, je dois dire que après avoir fini la bouteille je dormis comme un bébé narcoleptique shooté au chloroforme. Un sommeil sans rêve pour une fois, et une fois n’est pas coutume. Je dormit tant et si bien que lorsque je me réveillais je ne m’aperçu pas de suite que par enchantement mon lit était désormais en métal et était accroché au mur par deux grosse chaînes. Je compris que quelque chose merdait, quand je vis que trois ou quatre personne partageaient ma chambre et que celle-ci était fort élégamment fermée avec de gros barreaux en fer forgé

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