LE POIDS DE LA CHINE - 11 EME ELUCUBRATIONS

Publié le par Moni Olivier

- C’est des ROMS, désolé messieurs dames, mais c’est pas prévu au programme, ils payent pas ces gens là. Pardon pour les gros mots mais ils comprennent que ça.

            Mon tempérament humaniste voulait prendre le dessus, mais vu ma position inconfortable au niveau de la police, et surtout ne sachant ce qu’ils me voulait je jugeais bon de me traire. Derrière moi, une vieille dame et son jeune homme de fils discutaient âprement de l’itinéraire à emprunter pour se rendre chez leur oncle.

                        - Donnez moi la carte mère, demanda gentiment le jeune homme a sa maman.     

                        - Vous croyez que je perds la mémoire, répondit sa mère, je ne suis pas idiote, je peut très bien trouver le village de tonton.

            Son fils soupira et se replongea dans la lecture de son roman, et le car démarra direction Birmingham. Pour passer le temps, je regardais dans les voitures qui nous dépassaient ou qui roulaient à côté de nous, les jambes des conductrices et des passagères. Il ne faut pas penser que je suis un obsédé, je vous assure que les gens aussi dans les autos matent. Aux places sur ma droite, un père et son jeune fils s’amusaient à commenter des panneaux de signalisations et autres signaux routiers :

                        - Regarde fils, tu vois ici il y a un stop, il faut s’arrêter .

                        - Oh regarde papa là un sens interdit on peut y aller !

                        - Non mon fils c’est interdit essayes encore !

                        - Oh regardes père c’est vert ! On peut y aller !

                        - Oui c’est bien mon fils tu fais des progrès.

            Le jeune bambin babilla de bonheur. Et moi j’étais heureux de voir autour de moi tant de simplicité, après toutes ces péripéties incroyable venues d’un autre monde, ce repos mental m’était bien agréable. Un coup de klaxon nous fit tous sursauter, en nous retournant nous vîmes un bus qui nous dépassaient, en fait un car, ton rouge, rempli a ras-bord de jeunes majorettes en goguette, qui se tenaient hilares aux fenêtres du bus. Le chauffeur nous appris que c’était un bus de la compagnie qui se rendait a Birmingham pour la fête. Une fête locale ou était attendue de nombreuses troupes qui allaient défiler. Au programme étaient ainsi prévus des défilés de ARAN, une ile irlandaise, des défilés de DINDE, une ville africaine etc… Bref une parade monstrueuse allait nous accueillir bientôt, ce qui n’était pas pour me déplaire afin de me fondre rapidement dans le décor. Nous nous arrêtâmes quelques minutes plus tard à la gare des autobus de Birmingham, les rues étaient étonnement calmes pour une ville en fête. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes de marche que nous parvînmes à la rue des festivités. Tous les habitants de la ville étaient déguisés, et je vis là une opportunité bien pratique de me cacher d’éventuels agents de police qui en voulait cher à ma peau. J’entrais dans un magasin de farces et attrapes, et après un moment de réflexion, je décidais de me déguiser en lama avec des vêtements en serge. Puis je ressortis, calmement dans la rue pour assister tranquillement à la parade . Mon sens olfactif ne m’avais pas trompé car une multitude de policiers de mêlaient maintenant à la foule bigarrée, dévisageant avec insistance toutes les personnes qui de près ou de loin avaient une vague ressemblance avec ma pomme. Les chars passaient lentement devant les yeux ébaubis des touristes et des Bobbies. Un peu plus loin, sur la grand place, il y avait un mat de cocagne au bout duquel pendait jambons et autres victuailles, traditionnelle attraction de nos campagnes a ceci prêt que l’édifice était en feu et que ça commençait à sentir le mât cramé. D’ailleurs, seuls quelques pompiers aguerris et en tenue adéquates, s’aventuraient dessus afin d’attraper la nourriture fumée à son extrémité. Les policiers commençaient maintenant à se faire plus insistants et contrôlaient à tours de bras pratiquement tous les hommes, générant çà et là bordée d’injures et expressions fort malpolies. Je jugeait bon de m’éloigner des festivités, et de regagner le car afin d’attendre sagement notre départ pour la prochaine ville de notre itinéraire. J’avais entre temps acheté dans un libraire local, un vieux volume de l’encyclopédie ‘’ tout nu l’hiver ‘’ que je comptais consulter durant la dernière partie du voyage, ainsi que une baguette de pain français - qu’une boulangère irascible m’avait tendu en maugréant : ‘’Si vous voulez le pain prenez-le’’ – afin de calmer les aigreurs acides de mon estomac sous alimenté. Je remontais dans le bus ou le chauffeur pionçait comme un surmulot décédé. Je regagnais ma place pour m’apercevoir que beaucoup des voyageurs étaient déjà remontés et attendaient notre départ. Le chauffeur, se réveilla en sursaut pour nous compter et nous informer que notre prochain arrêt serait Londres, ‘’ Allons donc, m’écriais-je en pensant à la durée titanesque du voyage. A côté de moi sur la baquette attenante, une jeune femme très attirante mais outrageusement fardée venait de s’asseoir et se fendit d’un sourire engageant à mon égard qui faillit éprouver la solidité de la fermeture éclair de mon pantalon. Devant moi, le jeune père et son fils déjeunait quelque sandwiches :

-          Tiens mon poulet, y’a ça ! dit le père en tendant un épais sandwiche polaire à son gamin.

Bref, la vie reprenait son cours à l’intérieur du bus, calme et à l’écart des rusticités du

monde extérieur. La jeune fille à mes côtés commençait sérieusement à me lancer des œillades appuyées et soulever sa jupe pour me montrer le galbe parfait de sa jambe halée. J’en déduisit que cette jeune hétaïre devait être une femme de mauvaise vie et j’évitais de la regarder de manière trop insistante.  La donzelle lâcha une grosse flatulence bien bruyante et je ne pus réprimer un éclat de rire car c’est la première fois que j’entendais un vent de pute. Elle ôta également ses bottines et il s’exhala aussitôt de ses arpions une odeur forte de pied matinée d’omelette aux patates recouverte de camembert bien fait. Je décidais donc de lever le camp et de rapatrier ma carcasse et mes affaires tout au fond de l’autobus pour plus de tranquillité olfactive. La minette me dévisagea un instant comme déçue puis se détourna de moi pour reporter toute son attention sensuelle vers le père du jeune bambin. Bercé par le doux ronronnement du moteur et par les lègères vibrations du bus je ne tardais pas à sombrer dans un profond sommeil et à me mettre à ronquer comme une musaraigne apathique atteinte de la maladie du sommeil. Quand je me réveillais deux heures plus tard, le bus roulait toujours, la nuit

était tombée et le car était pratiquement vide, seule la pute et le père et son bambin semblait être mes derniers compagnons de voyage. Nous avions encore un arrêt à Oxford, ou je comptais bien acheter quelques cahiers d’écoles et ensuite ce serait notre bonne vieille ville de Londres. Le chauffeur décida de se faire un  petit arrêt dans une station pour faire le plein. Il en profita d’ailleurs, semble-t-il pour se faire un petit taré dans les toilettes de la station. Ma mission, du moins l’espérais-je, semblait toucher à sa fin, cependant, ayant les keufs au derche, il allait falloir sérieusement leur prouver que je n’étais pour rien dans les exactions commises à mon avis par ce scélérat de Nick Burton le bien nommé. Nous arrivâmes à Oxford le lendemain dans la matinée, et après avoir jeté un coup d’œil alentour, je descendis me dégourdir un peu les jambes, nous avions une heure et demi avant de repartir, et je décidais d’aller me rincer le gosier dans le troxon le plus proche. J’optais pour le Milly Bar, dont la devanture bigarrée et rococo me semblait d’assez bonne facture. La patronne du rade attendait ses clients à l’extrémité du zinc, et m’accueillis avec un large sourire :

-          Bienvenue, vous êtes mon premier client de la journée, je vous sers quoi monsieur ?

-          Bah, comme nous sommes le matin je vais pas commencer trop fort, donner moi un demi de SOUTHERN COMFORT ça ira bien.

-          Vous n’êtes pas du coin vous, j’ai pas ce que vous me demandez, j’vais vous servir un petit 16 ans d’âge a 45 ° un peu léger mais vous allez aimer. Vous êtes en vacances ?

-          Pas vraiment, plutôt en pèlerinage familial, mentis-je.

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