Adam, élève de G.J Bercy

Publié le par GIGILINNI OLIVER

résumé : Adam a 23 ans, et, depuis l'âge de 14 ans, a toujours redoublé sa 3 e. L'heure est venue pour lui maintenant de passer dans la classe supérieure ou mourir

page 422 : .

L'ambiance était devenue délétère, Adam regardait le proviseur avec des yeux de chien torturé, celui-ci épluchait avec attention l'épais dossier de 600 pages du jeune homme, tout en se curant le nez avec une fourchette à escargots.

- Nous étions bien d'accord Adam, vous n'avez pas respecté la part du contrat que nous avions passé ensemble il y a presque neuf ans maintenant, nous avons fait preuve de beaucoup de patience, mais reconnaissez que vous ne faites guère d'efforts

Un silence glacial durant lequel on aurait pas entendu flatuler un coléoptère s'installa entre les deux protagonistes.

- Regardez Adam ! Vous n'avez pas la moyenne en latin et vous savez que c'est totalement rédhibitoire pour passer en seconde, je ne peux rien faire Adam, mon influence a ses limites, et j'ai été plus que généreux avec vous mon enfant.Vous étiez au courant mon jeune ami, je suis désolé mais je ne peux plus rien faire pour vous.

Puis se tournant vers la porte à côté de laquelle se trouvait deux hommes vêtus de noirs il s'écria :

- Messieurs, je vous le laisse, il est à vous,

Les deux hommes de forte corpulence, saisirent Adam par les épaules, celui-ci s’était déjà évanoui. Il fut amené comme un paquet de linge sale sur une chaise du parloir, face à une vitre sale derrière laquelle attendaient ses parents désespérés. Adam reprit peu à peu ses esprits et aperçu ses parents derrière la protection vitrée. Ceux- semblaient vraiment éplorés et se lamentaient comme un chœur grec, avec force pleurs et sanglots. Entre deux pleurs, son père lui expliqua que malgré ses tractations auprès de l'éducation nationale il n'avait rien pu faire, et le châtiment qui l'attendait était irrémédiablement la mort. Après une série d'adieux déchirants, Adam fut littéralement traîné jusqu'à sa cellule, qui se trouvait être en l'occurrence, une vieille salle de biologie désaffectée. Devant la porte pourvue d'un hublot opaque, un gardien armé veillait tel un teckel atteint d'énurésie devant un os en plastique jaune.

La sentence était sans appel, Adam commençait à comprendre que toutes ses années d'indolence et d'inactivité l'avaient mené à ce moment, ou plutôt ces derniers moments parmi ses semblables. Adam se releva, jetant un œil par le hublot pour voir si on ne l'observait pas. Il fallait agir, il ne pouvait décemment pas accepter cette condamnation inepte, cet outrage a la vie humaine, même si les nouvelles lois promulguées par l'éducation nationale et le ministère de l'intérieur étaient dorénavant mises en application pour tous les citoyens. Il n'allait tout de même pas crever comme un chien à cause de locutions latines oubliées ou d'erreurs de traduction répétées. Même si il l'avait profondément désiré lui-même, il n'aurait jamais pu avoir sa moyenne en latin, il HAÏSSAIT de tout son être cette matière, ainsi que le professeur qui l'enseignait, l'immense et adipeux Mr Louvencelle, ersatz improbable fruit d'un accouplement entre un ballon de baudruche et un manche à balai. Ce tortionnaire de l'exemple type lui en avait fait baver, ce fou furieux des déclinaisons l'avait sérieusement et psychologiquement amoché, cet obsédé de la désinence l'avait amené a abhorrer au plus au point toute phraséologie d'origine latine.

Les fenêtres de la salle étaient comme lui, condamnées, et Adam aurait bien du mal à les forcer avec sa force égale à 3 surmulots apodes. La nuit commençait à tomber rapidement, ses parents avaient du rentrer à la maison depuis longtemps, la salle de classe sombrait petit à petit dans une pénombre très malsaine. Adam eut le déclic aussitôt que son regard se posa sur les tables d'expérimentation de la salle de biologie, celles-ci étaient pourvus de réchauds à gaz pour y faire réchauffer les décoctions prévue par l'éminent Mr Roudellon, dans l'établissement depuis plus de 30 ans. Adam, qui était un brillant élève en technologie, avait le bonheur d'exceller dans la fabrication d'émulsions détonantes, ce qui n’arrêtait pas d'étonner ses pairs. Avec malice et un peu d'espièglerie, il concocta un mélange hautement inflammable et s'approcha de la porte de la salle, hélant d'une voix fatiguée le geôlier qui se trouvait derrière la porte.

- S'il vous plaît monsieur, accorder moi la faveur du condamné, une dernière cigarette, j'y ai droit m'sieur, soyez humain, pitié, hurla-t-il avec des sanglots dans la voix qui auraient fait pleurer un clown dopé aux gaz hilarant.

Le gardien hésitant entrebâilla la porte et lança une clope au jeune prisonnier :

- Tiens mon gars ! Ne dis rien à personne sinon c'est moi qu'on va emmerder

- Merci, vous êtes bon, minauda Adam, mais....comment dire ? …..Je n'ai pas de feu ...S'il vous plaît !

Au moment même ou le gardien naïf approcha son briquet allumé dans la salle, Adam projeta sur lui le mélange détonnant qui eu sitôt fait de vérifier l'adage de l'olympique de Marseille '' Ce soir on vous met le feu ''. Adam se précipita hors de la salle, éclatant d'un rire tonitruant et satanique. Les flammes avaient maintenant gagné la salle de Français et commençaient à consumer les ouvrages à l'origine de cette sinistre affaire, tels voyages de Cicéron, telles guerres puniques et autres campagnes de gaule achevaient maintenant leur combustion. Avant de quitter les lieux Adam jeta un œil mauvais vers l'établissement en flamme et hurla à ceux qui pouvaient encore l'entendre '' Carthago delenda est '' et il s'enfuit dans la rue principale.

La rue était bondée, et Adam eut l'immense intelligence de se perdre dans la foule du samedi qui sortait pour aller au restaurant ou au cinéma. Voilà qui était une bonne idée, se cacher dans un cinéma en attendant que tout se calme. Adam s 'approcha de la devanture, et son regard se figea, des éclairs de sauvagerie s'échappait de ses yeux gorgés de sang et la bave commençait à couler de ses lèvres purpurines. Il paya sa place et pénétra dans la salle, marmonnant à qui voulait l'entendre, son leitmotiv de dément '' Carthago delenda est ''. Il avait déjà vu le film, Gladiator, mais tout laisser à penser qu'il ne resterait que très peu de temps assis sur son siège.


Publié dans Anticipation

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